Une nouvelle aventure d'Yvain, le chevalier au lion (en 5°)

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Elsa F. imite Chrétien de Troyes
Mathilde B. imite Chrétien de Troyes
Marie G. imite Chrétien de Troyes

La dernière aventure d'Yvain, par Elsa F.

Yvain passait de magnifiques journées près de Laudine, d'ailleurs il ne la quittait plus. Lunete s'était prise d'une grande affection pour le lion et elle le cajolait sans cesse. Il n'avait même plus besoin de chasser car elle lui faisait apporter de la viande fraîche. Toute la journée, ils buvaient et mangeaient en écoutant les vers que leur récitaient les poètes. Ils s'habillaient de soie et la Dame portait des bijoux de grande qualité, ornés de pierreries finement ciselées. Les étoffes de soie couvraient les murs. Les jeunes filles dansaient au son des flûtes et des chalumeaux, tandis que d'autres jouaient du tambourin ou des cymbales. La Dame s'habillait chaque jour d'une parure nouvelle pour rivaliser avec ses demoiselles de compagnie.
Mais voilà qu'un jour, au lieu des gazouillements habituels des oiseaux, monseigneur Yvain entendit un roulement de tonnerre effroyable. Par sa fenêtre, il vit la pluie qui tombait soudainement et formait déjà dans le jardin de grosses flaques.. Puis le vent se déchaîna tellement fort que monseigneur Yvain sentit bouger le sol sous ses pieds. On aurait cru que la terre se craquelait sous les tourbillons de la tempête. Le vent pénétrait par les fentes des murs et des fenêtres et éteignait les chandelles. Les arbres du jardin s'écroulaient les uns après les autres dans un fracas terrible.
Yvain entendit des cris d'épouvante qui venaient de la grande salle. Vite, il descendit et trouva Laudine et ses demoiselles terrifiées. Une telle tempête ne pouvait avoir été déclenchée que par la fontaine.
" Vite, cria-t-il à ses valets, apportez mon équipement !" Le lion accourut, lui aussi avait compris qu'un provocateur avait touché à la fontaine et il voulait absolument accompagner son maître. Les valets s'activaient : pendant que l'un présentait le haubert à Yvain et l'autre le heaume, Laudine le pressait de conseils. Quand on lui eut donné l'écu et la lance, il monta sur le destrier qu'on venait d'amener. C'est à peine si monseigneur Yvain pouvait voir son cheval, malgré les efforts des servantes pour maintenir les bougies allumées. On abaissa le pont et il partit au galop en éperonnant son cheval. Quand il fut presque arrivé à la fontaine, le beau temps revint. Les oiseaux se remirent à chanter dans les arbres.
Monseigneur Yvain se posta devant la fontaine et vit son adversaire : sa lance paraissait très solide, mais ce qui étonnait le plus Yvain c'était qu'il avait lui aussi un lion ! Yvain regarda son propre lion qui fixait l'ennemi avec mépris et retroussait ses babines en montrant des crocs menaçants. L'autre animal se comportait pareillement. "Par Dieu, lança Yvain, d'où te vient ce lion ?" L'autre fit reculer sa monture mais ne répondit pas. Monseigneur Yvain s'énerva et cria : "Vassal ! aurais-tu peur de te battre ?" Le chevalier recula encore. Yvain pensa alors qu'il n'aurait peut-être pas besoin de se battre, et cela ne l'aurait pas gêné, maintenant qu'il était habitué à la vie tranquille du château. Mais le chevalier, en fait, avait pris de l'élan...
Il s'élança sur Yvain. Celui-ci en fut
surpris et son écu se fendit. Aussitôt, il riposta et déchira les mailles du haubert de son adversaire, qui le fit alors tomber de cheval. Yvain sortit son épée et la pointa vers l'autre qui était descendu de sa monture. Le sang coulait à flots et les deux lions avaient de la peine à se retenir pour ne pas aller aider leurs maîtres. Yvain perdait peu à peu le dessus car l'autre était jeune tandis que lui s'était habitué à la vie des nobles. On servait tant de délicieux et copieux repas là-bas qu'il n'était plus aussi leste qu'avant. Yvain n'avait presque plus la force de lever son épée et son adversaire allait l'achever. Soudain, le lion d'Yvain attaqua ; à son tour, le second félin se jeta dans la bataille. L'adversaire, sous les griffes du lion de monseigneur Yvain, se mit à siffler. A ce signal, son propre lion se jeta sur Yvain et le déchiqueta. Quand le lion d'Yvain se rendit compte que son maître était mort, il lâcha sa proie et se laissa alors dévorer. Le vainqueur prit le cheval d'Yvain et partit en direction du château.
Là, il fut accueilli par des hurlements de joie, ce qui l'étonna beaucoup. On abaissa le pont pour lui et on le fit entrer comme un roi. Puis la Dame s'avança, un manteau d'hermine sur les épaules, et lui prit les mains. "Yvain, mon cher époux, tout le château est en liesse car vous avez vaincu !" Le chevalier comprit alors que tous les gens du château l'avaient pris pour Yvain car il n'avait pas encore enlevé son casque et que son lion l'accompagnait. "Chère Dame, dit-il, je ne suis pas votre époux" et il ôta son heaume. Laudine poussa un cri et se mit à pleurer en s'arrachant les cheveux et en se lamentant : "Ah ! mon pauvre époux, lui si vaillant et si galant ! Ah Dieu ! m'as-tu donc abandonnée ? Pourquoi m'enlèves-tu un si bon époux ?" Elle passa deux journées entières à hurler. Lunete essayait tant bien que mal de consoler sa maîtresse.
Un soir, le chevalier vint s'agenouiller auprès de Laudine. "Dame, je suis désolé de vous avoir mise dans un tel état. La demande que je vais vous faire va peut-être vous horrifier, mais votre beauté est si grande que je ne pourrais partir loin de vous, c'est pour cela que j'aimerais vous épouser.
- Grand Dieu ! s'écria la dame, ah oui, je suis horrifiée ! Vous, le meurtrier de mon cher époux !" Et elle leva les bras au ciel. "Lunete, faites sortir cet homme que je hais, et installez-le dans une chambre !" Lunete fit ce que sa maîtresse avait commandé puis, quand elle revint, elle lui demanda : "Dame, pourquoi ne pas faire partir cet assassin plutôt que de lui offrir l'hospitalité ?
- Voyons, Lunete, ce chevalier a vaincu Yvain : il ferait peut-être un bon mari ! Mais il faut que je réfléchisse..."

FIN

 professeur : Daniel Jaillet


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Une nouvelle aventure d'Yvain, par Mathilde B.

Depuis qu'il s'était réconcilié avec sa Dame, Yvain vivait heureux. Il portait de riches habits en plumes de paon et petit-gris. Les murs de sa chambre étaient recouverts de magnifiques tapisseries de couleur bordeaux. Laudine et Lunete portaient de beaux bijoux et de belle robes. Les journées d'hiver se passaient devant un bon feu, avec le lion. L'été, ils se promenaient dans les jardins du château. Cette vie tranquille leur plaisait bien.
Mais un beau soir d'été, alors qu'Yvain et sa Dame marchaient dans les allées fleuries, accompagnés par Lunete et le lion, une tempête effroyable éclata. Le vent soufflait, il pleuvait, il grêlait, il neigeait même. Yvain comprit qu'on avait versé de l'eau sur la fontaine. Les éclairs déchiraient le ciel, la foudre abattait les arbres tout autour d'eux. Le tonnerre grondait tellement fort qu'il leur était impossible d'échanger la moindre parole. Ils rentrèrent donc. Malheureusement, à l'intérieur, c'était presque pire que dehors. Le donjon et les murs tremblaient. Les serviteurs et les gens du château étaient terrorisés.
Yvain décida d'aller se battre pour défendre la fontaine. Un serviteur lui apporta son armure. Il lui mit les éperons et le haubert, sur la coiffe le heaume. Puis un autre lui présenta son épée, sa lance et son écu où était représenté le lion. Avant qu'il parte, Laudine lui dit, inquiète : "Que Dieu vous protège, mon fidèle époux ! Je m'en vais faire préparer le piège pour le cas où vous seriez poursuivi.
- Adieu, ma Dame."

Puis il partit au galop, son lion à ses côtés. Entre-temps, la tempête s'était calmée. A présent, un très beau coucher de soleil se dessinait à l'horizon. Quelques oiseaux chantaient et on avait peine à croire que quelques instants plus tôt une terrible tempête avait éclaté. Yvain arriva près de la fontaine. A côté se trouvait l'arbre qui en toute saison garde ses belles feuilles. Yvain vit l'agresseur et s'élança, la lance pointée vers lui. Ils frappèrent si fort que leurs lances éclatèrent et ils furent obligés d'en venir à l'épée. Yvain se demandait qui était son adversaire. Même s'il était parvenu à briser son haubert, il reconnut que l'autre était de force égale. Le lion était resté dans un taillis car il pensait que son maître n'aurait pas besoin de lui mais, voyant celui-ci en détresse, le fidèle animal décida d'intervenir. Il se précipita alors sur l'autre chevalier, qui aperçut le lion et le frappa à la tête. Le valeureux félin dut se retirer du combat. Yvain avait tout vu mais n'avait rien pu faire. Une colère folle s'empara alors du courageux chevalier. Il désarma son adversaire et pointa son épée sur lui. L'autre dit :
" Je t'en prie. Dieu m'est témoin que si tu me laisses la vie sauve, je m'avouerai vaincu et je partirai.
- Je ne te tuerai pas, répondit Yvain, à condition que tu me dises qui tu es, et que partout où tu iras, tu proclames que tu as été vaincu par Yvain, le chevalier au lion.
- J'accepte. Je suis le fils de monseigneur Charles."
Yvain le laissa partir. Il prit le lion sur son cheval et le ramena au château. Laudine emmena son mari se reposer tandis que Lunete s'occupait du fidèle animal. Un mois plus tard, grâce aux soins de la jeune fille, le lion était tout à fait rétabli.
Quelques années plus tard, Yvain et Laudine eurent un fils et Lunete aida sa maîtresse à s'en occuper.

FIN

 professeur : Daniel Jaillet


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Une nouvelle aventure d'Yvain, par Marie G.

Dans leur château près de la fontaine, monseigneur Yvain, sa dame Laudine qu’il aimait tant, et leur tout jeune fils mangeaient un chapon rôti et buvaient du grand vin. Une servante vint leur débarrasser la table. Yvain était très fatigué car il avait chassé avec son lion toujours aussi fidèle. Laudine et lui allèrent se coucher dans leur lit à baldaquin. Elle resta longtemps éveillée, regardant les murs avec leurs peintures de très grande valeur et pensant qu’elle était très heureuse avec son chevalier. Elle finit tout de même par s’endormir. Le lendemain matin, ils revêtirent leurs beaux habits : monseigneur Yvain mit une robe vermeille avec une tunique et une chemise plissée. Laudine, quant à elle, se vêtit d’une robe d’hermine et d’un court manteau de soie.
Après avoir terminé de déjeuner, Yvain discuta avec Laudine et Lunete ; celle-ci était restée la conseillère de Laudine. Soudain, une terrible tempête se déclencha. Les murs s’ébranlaient, à croire qu’ils allaient s’écrouler. Des morceaux de plafond avec des clous dorés tombaient. Les coffres avec les habits se renversaient, les lits, les tables, tout était par terre. Yvain prit Laudine dans ses bras pour la protéger. Les gens du château qui regardaient par la fenêtre virent les arbres se déraciner. Personne n’osait monter sur les toits de peur qu’un arbre leur tombe dessus. Les habitants se mirent à maudire leurs ancêtres qui avaient construit ce château près de cette fontaine magique. Ils pensaient ne pas survivre à une tempête si terrible, ils n’en avaient jamais vu de si forte. La personne qui l’avait déclenchée le regretta pendant un certain temps. Elle vit un arbre tomber à ses pieds, ce qui lui fit peur. La tempête finit tout de même par se calmer. Tout s’apaisa de nouveau.
Yvain revêtit son haubert. Sa bien-aimée lui mit son heaume sur sa coiffe. Son écuyer vérifia que l’épée était bien tranchante. In ceignit son épée de manière à ce qu’elle ne le gêne pas pendant le combat. Il monta fièrement sur son destrier. Lunete lui donna son écu et sa lance. Laudine qui avait très peur pour Yvain lui demanda :
« Cher époux, êtes-vous sûr de vouloir aller à ce combat ?
- Oui, pour vous défendre, ma bien-aimée.
- J’ai quand même peur pour vous.
- Ne vous inquiétez pas, je serai prudent et loyal, je ne reviendrai pas ici sans avoir tué le chevalier qui a déclenché cette tempête. Et vous serez encore une fois fière de votre époux. »
Au moment où Yvain voulut partir, le lion le suivit. Yvain lui dit de rester au château, sinon le combat serait inégal. Le lion, à contre-cœur, resta au château. Il aurait aimé venir, au cas où son maître serait en mauvaise posture. Yvain partit au galop. Il vit le chevalier, près de la fontaine, et il l’interpella :
« Traître ! Vous avez osé toucher à ma fontaine. Regardez comme vous avez dévasté ma forêt ! Vous serez châtié.
- Il faudrait déjà que vous y arriviez !
- Vous allez voir qui est le plus fort ! Ce combat sera à mort, vous m’avez trop provoqué. Vous périrez par la lance ou l’épée. Et vous vous en repentirez au plus profond de l’enfer.
- C’est vous qui périrez. Et moi je pourrai épouser votre femme et vivre comme un seigneur à votre place.
- Commençons le combat et nous verrons bien, répondit monseigneur Yvain. »
Un combat acharné commença. Ils s’élancèrent l’un contre l’autre. Les lances s’entrechoquaient. Ils brisèrent leurs heaumes. Leurs écus se fendirent et furent transpercés. Ils brisèrent leurs lances. Aussitôt, ils prirent leurs épées et continuèrent à sa battre sans faiblir malgré leurs blessures. Yvain se demandait qui pouvait être ce chevalier si fort mais, pensant à sa dulcinée, il se dit qu’il devait gagner à tout prix. Il reprit courage. Alors, de toutes ses forces, Yvain brandit son épée et lui coupa la main. Malheureusement, ce n’était pas celle avec laquelle l’agresseur tenait son épée. Le sang coulait, mais l’homme s’en moquait. Il voulait lui aussi gagner et épouser Laudine. Rien ne pouvait les séparer de ce combat mortel. Avec son épée, le chevalier voulut couper la tête d’Yvain, mais il échoua. Yvain profita de l’occasion et lui transperça le cœur. Le sang coulait à flot mais Yvain avait gagné une fois de plus. Il allait enfin pouvoir rentrer à son château et garder Laudine. De plus, sa renommée augmenterait.
 Il eut besoin encore de beaucoup de forces pour arriver à rentrer au château à cause de ses blessures qui le faisaient terriblement souffrir. Il réussit enfin, sur son destrier, en emportant aussi celui du chevalier. Tout le monde était inquiet pour lui. Laudine l’attendait avec impatience et priait pour lui, elle avait très peur, son fils et Lunete étaient près d’elle. Quand elle l’aperçut qui revenait péniblement, elle se précipita pour l’aider : ils revinrent ensemble. Ses blessures étaient profondes. Elle le soigna pendant trois mois. Enfin, il fut rétabli, ils décidèrent de fêter la victoire d’Yvain. L’atmosphère fut aux chants et aux musiques. Il y avait des troubadours, jongleurs… Ils mangèrent et burent tous à la santé d’Yvain, leur protecteur, qui était toujours vivant.

FIN

 professeur : Daniel Jaillet


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