Quelques dossiers fantastiques traités en 4A
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Dossier  DESCHAMPS ALEX

traité par Laetitia D



Moi, Alex,  je naquis le 3 mars 1946 sous le regard émerveillé de Yves et Paulette, mes parents. J'étais un beau bébé nanti de magnifiques yeux bleus comme ceux de papa et maman et de petites mains fines. Les cheveux blonds de ma mère lui tombaient joliment sur les épaules. Mon père avec ses beaux cheveux noirs, était un homme fort. Yves était agriculteur et Paulette travaillait dans une usine, près de notre maison. Je vécus une enfance heureuse, sauf quand mon frère Yann, est né le 14 novembre 1948. Lui, était quand même moins beau que moi, je pense, avec ses yeux marron. En septembre 1949, je rentrai à l'école maternelle, content d'être enfin séparé de Yann. Ma scolarisation se passa bien. A la rentrée 1951, je suis allé à l'école primaire où je m'étais fait une copine, Yasmina. Nous restions toujours ensemble, on avait les mêmes goûts. J'aimais le basket, la télévision, les chocos à la fraise et elle aussi. J’adorais la cour de récréation  de l'école, avec ses fleurs, ses jeux. Tous mes souvenirs de primaires sont rassemblés dans cette cour. Chez moi, tout se déroulait bien sauf avec mon frère, ce petit nul. Le dimanche, il y avait souvent des repas de famille avec nos grands-parents, Maurice et Madeleine. J’adorais papy et mamy, leurs visages étaient surmontés de magnifiques cheveux blancs et ils me donnaient de beaux cadeaux. Quand j'allais chez eux, pendant les vacances, c'était le bon temps. J'adorais leur maison avec les volets blancs, la petite balançoire, le beau jardin, c'était magnifique. En 1956, pour ma rentrée au collège, papa et maman m'avaient acheté un magnifique sac à dos. J'étais quand même triste car Yasmina avait dû déménager et je ne l'ai plus jamais revue. Au collège, j'avais des copains : Jacques, Christophe et Julien. En 5e, je fis la connaissance d'une superbe fille, Coralie, avec ses adorables yeux verts, mais elle ne voulait pas de moi. Je réussis cependant mes années collèges et rentrai au lycée, en 1960. J'étais devenu un jeune homme très grand avec de beaux cheveux blonds comme ceux de ma mère. Après avoir réussi mon bac S en juin 1963, je rentrai dans une grande école à Grenoble en octobre 1963. J’eus mon diplôme d’ingénieur en juillet 1969. J’allai au service militaire avec mon ami Gaston, que je m’étais fait au lycée, de septembre 1969 à août 1970. Quand je suis revenu, mon frère avait vingt-deux ans et faisait ses études à Lyon. Nos relations étaient toujours tendues. En janvier 1971, je fus employé dans une grande industrie en tant qu’ingénieur de direction. Mes parents étaient très fiers de moi mais Yann était jaloux. Mon frère ne me parlait jamais de ses petites amies. Mais il nous annonça, à mes parents et moi, qu’il allait se marier, le 6 juillet 1978, avec Morgane, une belle fille brune aux yeux noisette. Il l’avait rencontrée à Lyon. Deux ans après, le 22 janvier 1980, Jeremy, leur fils, naquit et j’en fus le parrain.
C’était un beau petit bébé, avec les mêmes yeux noisette que sa maman. Quand je le vis, je demeurai interdit devant cette beauté. En janvier 1985, je m’achetai un appartement. J’en étais très content.


Le 9 février 1985, en me levant, j’entendis un grand bruit provenant de la cuisine. J’y allai et découvris la pièce sens dessus dessous. Les assiettes étaient cassées sur le sol, les placards démontés. J’étais cloué au sol, terrifié par cette vue dans ma maison. Je sentais quelque chose me frôler, mais je ne voyais rien. Je me dépêchai de tout ranger, car, le soir, je faisais une fête chez moi. A 9h, j’allai vite au travail en ne parlant de cet événement à personne. Je passai une mauvaise journée car je me demandais ce que j’allais voir en rentrant chez moi. A 17h, en arrivant dans mon appartement, la « chose » était toujours là. Elle voyageait partout en faisant des bruits bizarres. Il fallait  que je prépare ma salle à manger pour ma fête du soir. Je devais être très pâle en mettant les apéritifs sur la table, la « chose » me fit perdre l’équilibre et je cassai une bouteille. Mes amis allaient arriver d’une minute à l’autre. J’étais paniqué à l’idée que cette « chose » allait faire rater ma fête. Quand quelqu’un sonna à la porte, la « chose » me renversa et me fit tomber en rigolant avec sa grosse voix. J’avais une peur bleue, je tremblais des pieds à la tête. J’allai cependant ouvrir la porte à mes amis. La fête se déroula bien, tout le monde riait, s’amusait. La « chose » ne se fit pas sentir. Mais, vers minuit, quand il ne restait plus que Gaston, j ‘entendis un cri dans la salle à manger. Gaston était allongé sur le sol avec du sang sur la poitrine. La « chose » l’avait tué et maintenant elle rigolait de sa grosse voix.

Je n’en pouvais plus, je voulais hurler mais les voisins allaient se demander ce qui se passait. J’enroulai Gaston dans un drap blanc, en pleurant. J’avais peur de téléphoner à la police, ils allaient sûrement me prendre pour un fou. Je passai une nuit affreuse en entendant la voix de la « chose ».

Le matin, je téléphonai à mon frère Yann, et lui demandai de me rejoindre au café sur la place devant mon immeuble. Il arriva avec cinq minutes de retard mais cela ne faisait rien.
-« Salut, c’est affreux » déclarai-je.
Et je lui racontai toute l’histoire depuis le matin du 9 février. Yann se moqua de moi en me disant que c’était impossible qu’une sorte de « chose » invisible vive dans mon appartement.
-« Écoute, j’ai bien réfléchi et j’ai décidé de tendre un piège à cette »chose », dans ma cave, protestai-je. J’ai lu un livre qui parlait de ces « choses » invisibles et il paraît que ces « choses » n’aiment pas la poussière. Je vais la combattre et ainsi je serai débarrassé de cette « chose » immonde et j’aurai tué l’assassin de Gas…
-Non, coupa Yann, tu vas te faire tuer, si cette « chose » existe vraiment comme tu le dis, ce que je ne crois pas, elle est plus forte que toi et elle va te tuer.
-Je suis décidé, je vais le faire , conclus-je.

Et je partis en direction de mon appartement : la « chose » y était. Je descendis à la cave, bien décidé à la tuer. La « chose » me suivit. Quand je fermai la porte, elle comprit aussitôt qu’elle était tombée dans un piège. Je pris de la poussière et lui jetai dessus. Mais la « chose » ne se laissait pas faire. Elle me fit mal à la jambe. J’étais blanc comme neige et ma jambe était pleine de sang.

La « chose » riait encore, comme d'habitude, mais cette fois, j'étais dans une situation encore plus désagréable.

Ma jambe saignait, mon plan avait échoué car cette chose était plus féroce que je ne pensais. Je n'avais pas réussis à tuer cette « chose »qui me hantait ni à venger Gaston. La « chose » aurait pu me tuer, mais elle ne l'avait pas fait. Elle s'était échappée de la cave avec son gros rire grave. Je sortis de la cave, en me traînant par terre, et me dirigeai dans mon appartement. Je croisai Yann dans les escaliers. Il hurla quand il me vit et appela les pompiers. Ils m'emmenèrent à l'hôpital et mon frère m'accompagna dans le camion.

Ce camion était petit, avec beaucoup de matériel. Il y avait deux pompiers à l'intérieur qui s'occupaient de moi et un chauffeur. A l'hôpital, ils ne me croyaient pas non plus. Les infirmières me disaient que cette chose n'existait pas. Un jour, le 12 mai 1985, ma jambe fut guérie. Ce même jour, je vis arriver des médecins, mes parents et mon frère, dans ma chambre. Ils m'annoncèrent que j'allais dans un asile psychiatrique. Je hurlai, mais des hommes me sanglèrent sur mon lit et m'emmenèrent dans un camion du SAMU. L'asile où j'allais était très grand. Il avait des murs tout noirs avec des barreaux aux fenêtres. Dans les chambres, trônaient un lit tout petit et un placard. Une chaise toute cassée était dans un coin de cette chambre toute délabrée. Je pleurais sur mon lit quand un homme entra dans ma chambre. Il s'appelait David. Il était brun, les yeux marron, assez grand et il avait une voix aiguë. Je lui dis que je m'appelais Alex. C'est David qui m'expliqua le fonctionnement de cet hôpital car le personnel ne faisait rien pour les internés. Ils apportaient juste les repas et ouvraient les portes pour les visites.

Au début de mon internement, mes parents et mon frère venaient souvent me voir, mais, petit à petit, ils ne vinrent plus. Pendant les heures de sortie, je retrouvais David. On était devenu amis. Un jour, il me demanda pourquoi j'étais ici. Je lui racontai toute mon histoire, quand j'avais trouvé mon appartement sens dessus dessous jusqu'à l'affrontement dans la cave.

David n'en revenait pas. Depuis le jour où je lui avais raconté mon histoire, nous étions encore plus proches. Je commençais même à reprendre goût à la vie, quand un jour, j'appris que David était mort.

Aujourd'hui, je suis désespéré, ma vie n'a plus de sens. J'ai perdu mes deux meilleurs amis, Gaston et David. Ma famille ne vient plus me voir. Je reste seul dans ma chambre, je ne me nourris presque plus. Des jours, la chose vient encore me hanter et même un jour, elle m'a renversé puis a ri de sa grosse voix grave. Je n'en peux plus. 


CLINIQUE PSYCHIATRIQUE DES MARGUERITES

350, allée des arbres

69500 Bron

  

M. Deschamps Jérémy

                                                                                                          25, chemin du Stade

69500 Bron

                                                               

  

                                                                     A Bron, le 21 mai 2002

  

Objet : avis de décès

  

Cher monsieur Deschamps,

 

   Bonjour, je suis Pierre Roche, le directeur de la clinique psychiatrique des Marguerites. J’ai le regret de vous informer du décès d’Alex Deschamps, votre oncle. Suite à sa folie, il avait été interné dans ma clinique. Le docteur de ma clinique, M. Alain Rouge, m’a communiqué les tests qu’il avait faits avec votre oncle.

  Il était paranoïaque. Il avait cette folie même dans notre clinique. Bien sûr, c’était le fruit de son imagination, mais il n’arrivait pas à s’en débarrasser. Depuis quelques semaines, il était devenu maigre. Ses yeux ne s’ouvraient presque plus, il avait perdu le goût de la vie. Je crois qu’il l’a perdu à cause de la mort d’un de ses camarades de chambre.

  Le docteur m’a toujours dit qu’il aimait bien M.Deschamps, que c’était un homme très gentil.  Quand il l’a trouvé mort dans sa chambre, il était très triste. Il l’a vu allongé, les yeux ouverts, les mains crispées sur une lettre. C’était son testament où il disait que vous étiez le seul membre de sa famille qui comptait encore pour lui. Il voulait vous donner le manuscrit, qu’il a écrit pendant ses rares moments de lucidité,  pour que vous soyez mis au courant de ce qui lui est arrivé. Donc je joins à cette lettre le manuscrit.

 

  Je vous prie d’agréer, monsieur, mes sincères condoléances ainsi que celles de tout le personnel de ma clinique.

                                                                                          

                                                                                                  Le directeur de la clinique

                                                                                                          des Marguerites




Dossier  DUVAL Alfred

traité par Damien T



Je suis né le 3 mars 1946 à Pont-de-beauvoisin en Isère, je m'appelle Alfred Duval. A ma naissance, je mesurais 55 cm, je n'avais pas beaucoup de cheveux mais les quelques que je possédais étaient aussi noirs que les plumes d'un corbeau. J'avais des yeux verts. Et puis j'ai grandi. Le 14 novembre 1948, mon frère Pierre est né, avec ses yeux marron et de longs cheveux blonds semblables à des brins de paille. J'avais 2 ans, j'étais très content, j'allais enfin avoir quelqu'un avec qui m'amuser. En septembre 1949, je suis allé à l'école pour la première fois. J'étais à l'école maternelle de mon village. J'avais peur, je ne savais pas pourquoi, mais j'avais ressenti une angoisse terrible le matin quand ma mère m'avait levé à 7H30. J'étais plutôt du genre lève-tard. Mon école maternelle se déroula sans encombre. J'étais débrouillard. En septembre 1951, je me revois, je suis à l'école primaire du village voisin car j'avais déménagé peu auparavant. J'ai dû me faire d'autres copains. mon frère était à la même école que moi, on se voyait peu : chacun restait de son côté, avec ses propres copains. Quand je suis rentré au collège ç’a été dur mais je m'en suis bien sorti. J'avais une assez bonne moyenne. J'ai donc pu rentrer au lycée, sans problème. Je voulais devenir ingénieur en mécanique car j'aimais bien les belles voitures. En juin 1963, j'ai passé et réussi mon bac, ma mère était très contente. Puis en octobre de cette même année, je suis rentré dans une grande école de mécanique à Lyon. En juillet 1969, j'avais à 23 ans mon diplôme d'ingénieur en poche. De septembre 1969 jusqu'en août 1970, j'ai dû faire mon service militaire à Clermont-Ferrand. J'y ai appris beaucoup de choses concernant la mécanique. En janvier 1971, j'ai trouvé un emploi à Paris chez un grand constructeur de voitures. C'était loin de chez moi, mais je voulais absolument y aller. Le 6 juillet 1978 mon frère se maria, je dus donc retourner dans ma région. J'étais très content. Pierre portait un joli costume beige et son épouse une magnifique robe blanche. 2 jours après le mariage je suis retourné à Paris. J'étais très content de la place d'ingénieur en mécanique que j'avais. Le 22 janvier 1980, mon neveu est né. Il s'appelle Maxime. Il avait les yeux bleus comme le ciel et les cheveux roux.

Le 9 février 1985 au soir, alors que le tonnerre faisait rage dehors, dans mon petit appartement à Paris, j'avais invité des copains. Après avoir mangé, je leur demandai de rester dormir chez moi, mais ils refusèrent, ne voulant pas me déranger. Ils s'en allèrent. Je fis la vaisselle et allai fermer la fenêtre de ma chambre. En mettant mon pyjama, je remarquai que la photo de famille prise en vacances, accrochée au mur, penchait. J'allai la remettre d'aplomb quand ma mère sur la photo, me parla et me dit que j'avais oublié d'éteindre la lumière de la cuisine. Je demeurai interdit pendant 5 bonnes minutes devant la photo, les yeux écarquillés, j'étais paniqué. De nombreuses questions défilèrent dans ma tête : comment une photo peut-elle parler ! Etait-ce un phénomène de mon imagination ! ...Mon teint d'habitude mat devint blême. Mon corps entier était pétrifié, paralysé par l'événement : je tremblais de tous mes membres ! La respiration haletante, j'allai vérifier que la lumière était bien éteinte. Mais en arrivant dans le couloir, je vis la cuisine éclairée. J'étais frappé de stupeur. La photo de mon frère, posée sur la table, m'annonça d'une voix grave que la fenêtre de ma chambre était ouverte. J'éteignis en vitesse la lumière et me précipitai dans ma chambre à coucher pour finalement constater que ma fenêtre était fermée. J'avais honte de m'être laissé avoir par mon frère Basile. J'allais aller me coucher, toujours épouvanté par ce qui venait de se passer, quand mon frère, encore lui, sur la photo de famille à côté de la grande armoire, me dit que la télévision était allumée. Ne voulant pas, une nouvelle fois, me faire avoir, je me couchai sans croire à ce que venait de me dire la photo. Je dormis mal, ma respiration était toujours bloquée. Le lendemain, quand je me réveillai, je fixai la photo. Elle ne parla pas et était redevenue comme avant. Je me dis que j'avais dû trop boire la veille avec mes copains. Mais en allant dans le salon, je découvris que la télévision était bel et bien allumée.

Je décidai d'agir car « le fantôme des photos » pouvait revenir. Je décidai de raconter l'histoire à mon frère et de lui demander de l'aide. Je suppliai mon patron de me donner une semaine de vacances en lui disant que j'avais de graves ennuis. Il accepta sans trop sourciller, à ma grande surprise. Je repartis en Isère. Arrivé au domicile de mon frère, je demandai à sa compagne de voir Basile seul. Elle accepta et nous rentrâmes, moi et mon frère, dans une petite pièce vide avec seulement deux petites chaises et une table basse en bois. Je m'installai et racontai mon histoire avec tous les détails. Basile était épouvanté, angoissé. Il me posa beaucoup de questions. Je lui annonçai enfin la manière dont je voulais agir. J'affirmai vouloir brûler toutes les photos lorsque le fantôme reparaîtrait. Cela ne le tuerait peut-être pas, mais ça l'empêcherait de se manifester chez moi. Je ne voyais d'autres solutions. Mon frère voulut me persuader de renoncer à ce projet. « Alfred, m'ordonna-t-il terrifié, ne fait pas ça, évite les risques d'incendies. Tu pourrais jeter ces photos à la poubelle ou encore déménager ou ...
-Si je déménage, le fantôme pourra encore me suivre avec les photos. Si je les jette, il se retrouvera à la déchetterie..., murmurai-je d'un air songeur, non, je pense que la meilleure solution, c'est de brûler ces maudites photos.
-Mais tu risques de brûler ton appartement, réfléchis un peu, me proposa-t-il inquiet, réfléchis.»

Sur ces mots, je partis, remerciant mon frère qui me souhaita bonne chance. J'étais toujours décidé à agir selon mon plan. Je revins à Paris. Lorsque le fantôme reparut, une nuit, je brandis mon briquet en l'air et brûlai toutes les photos à la suite. J'avais fini, triomphant, n'entendant plus le fantôme quand d'un coup un souffle  sortit d'une photo. Le feu se propagea dans tout l'appartement. Je m'enfuis, laissant tout derrière. Les pompiers arrivèrent peu de temps après et arrêtèrent l'incendie. Mais il était trop tard, tout était brûlé. J'étais énervé de ne pas avoir suivi les conseils de mon frère. J'avais le souffle coupé. J'étais affolé.

Après l'échec de mon projet, je m'installai chez Basile, mon frère. Je lui racontai comment mon appartement avait flambé, lui décrivis précisément le moment après avoir brûlé toutes les photos, je vis le fantôme, hideux, souffler sur une photo pour propager le feu dans mon domicile et ainsi, ruiner ma vie. Ce qui me tracassait le plus, c'était de ne pas savoir si j'avais réussi ou non à le faire partir. Je voulais rester chez mon frère en attendant de trouver une maison. Chaque jour, je repensais à ce fantôme dans la chambre, je le voyais partout, je n'arrêtais pas d'en parler, je cauchemardais à cause de lui, si bien que je devins fou. Je sentais ma tension monter, j'étais nerveux, paniqué. Ma respiration se bloquait un peu plus chaque fois que j'y pensais. Basile, un jour, par surprise, appela l'hôpital psychiatrique qui vint me chercher le soir , en ambulance. J'étais tellement nerveux qu'ils durent se mettre à cinq pour me passer la camisole. Je fus interné le 12 mai 1985. Je dus m'adapter à cette difficile vie. Je sentais qu'à force de rester avec des gens qui se prennent pour Bonaparte, la main dans leur chemise et un chapeau en papier blanc sur la tête, je devenais encore plus nerveux et plus fou qu'avant. Je reste seul à présent dans mon coin, toujours avec le regret de mon ancienne vie que j'ai quittée à cause de ce funeste fantôme. Je subis régulièrement des tests, dans une cellule aux murs matelassés, que me font passer plusieurs psychiatres pour étudier mon comportement qui s'aggrave, malheureusement. Je commence à désespérer à l'idée que je ne retrouverai plus ma famille, ni même une vie normale.


 

Mr Clément Dubet
directeur
clinique psychiatrique des Lilas
40 route des oliviers
74770  AIX-LES-BAINS                                                  Maxime Duval

                                                                    3  boulevard de la Canebière
                                                                                13001 MARSEILLE

 AIX-LES-BAINS le 21/05/02

 

OBJET: annonce de décès

Monsieur Duval,

 

J'ai le désagréable honneur de vous annoncer le décès de votre oncle Alfred à la clinique des Lilas suite à un nouvel accès de folie. Il avait 56 ans. Il m'a prié de vous joindre un manuscrit, rédigé par lui-même, qui raconte les étapes de sa vie, en disant que vous étiez la seule personne qui comptait pour lui. Arrivé au terme de sa vie, Alfred, ne se maîtrisait plus, sa santé s'aggravait chaque jour davantage. Il ne mangeait plus rien. Votre oncle refusait de voir du monde, il restait seul dans un coin de sa chambre. Sa mort nous attriste tous. Nous étions, le service médical et moi, les seules personnes à qui il parlait, il nous confiait des secrets, nous décrivait sa vie...

Alfred était devenu maigre, sa respiration était bloquée, son teint livide et son regard marquait l'affolement. Il aurait tant aimé retrouver sa vie d'avant. Votre oncle va nous manquer à tous.

Veuillez agréer mes plus sincères condoléances.

CLEMENT DUBET



Dossier  DORINCOURT Alex

traité par Pauline S



Je me souviens de la naissance d’Anthony, mon petit frère. Pardon, je ne me suis pas présenté. Je m’appelle Alex. Aujourd’hui j’ai 55 ans, mais je vais vous raconter comment j’étais à la naissance. Je suis né le 3 mars 1946, j’étais plutôt petit, mais assez costaud. Mon frère, lui, est né le 14 novembre 1948. Je me souviendrai toujours du moment où mon père l’a déposé sur mes genoux. Il faut que je vous dise qu’en grandissant, je ressemble de plus en plus à mon père. Il était grand, assez costaud avec des cheveux noirs comme l’ébène qui faisaient ressortir ses yeux verts. Mon frère ressemble plus à ma mère. Petit, pas trop quand même, maigre avec des cheveux si blonds qu’on les aurait dit presque blancs et des yeux bleu azur. Je fis mes premiers pas à un an, mon frère aussi. Je dis mon premier mot au même âge. Mon frère, lui, dit son premier mot plus tard. Mais passons… Je fis ma rentrée à la maternelle en 1949. J’ai été un élève calme et placide. J’ai eu mon premier ami à cette époque. Il s’appelait Grégory et c’est resté mon meilleur ami,  jusqu’à sa mort, il y a deux ans. Il avait l’air rebelle avec ses longs cheveux châtains et ses yeux verts. En 1951, en primaire, mes résultats ont baissé. En 1956, au collège, je me suis mis sérieusement au travail, et je finis dans les cinq premiers élèves de ma classe. En sixième, les relations avec mon frère changèrent. Nos goûts aussi. Il aimait la techno, le funk, les hamburgers, les pizzas. Moi, je préférais la variété italienne, les pâtes, le jambon et le poisson. Nous nous sommes bagarrés plusieurs fois et pour des bêtises. Une fois, j’ai eu la lèvre fendue, une autre fois, lui avait un œil au beurre noir. Enfin ! En sixième, j’ai rencontré Manuella. Ses cheveux étaient blonds et longs et ses yeux noisette. Elle a accepté de sortir avec moi en cinquième. Je connus mon premier baiser avec elle. Puis nous avons rompu au lycée. En terminale, j’ai rencontré Maéva. Je l’aimais tellement, que pour ses 16 ans, j’avais décidé, de l’emmener dans mon endroit préféré : la Fontaine d’été. Les statues sont lisses et l’eau claire et potable. En 1963, je réussis mon bac avec mention. Je m’inscrivis dans une école d’ingénieur. C’est à ce moment que je perdis de vue Maéva. Elle m’écrivit pour me dire qu’elle avait rencontré quelqu’un de son âge (j’avais deux ans de plus). En juillet 1969, je reçus mon diplôme d’ingénieur, mais deux mois plus tard, je partis faire mon service militaire. Quand je fus de retour, je partis à la recherche d’un emploi. Je finis par trouver un poste de magasinier, puis enfin d’ingénieur. En 1978, je reçus une lettre d’Anthony. Il m’invitait à son mariage. J’eus la surprise de ma vie : il épousait Maéva.  Maéva me reconnut, nous discutâmes un peu puis je partis. Plus tard, j’appris que Maéva et Anthony avaient eu un fils nommé Marius.

Le jour du baptême de Marius, je revis Maéva et Anthony. Cinq ans plus tard, Maéva me téléphona pour me demander si j’acceptais d’occuper leur maison de campagne pendant quelques jours. J’acceptai. Anthony m’accueillit le jour prévu. Il me fit visiter la maison en me disant d’éviter de descendre à la cave. Le lendemain, nous étions le 9 février, un bruit étrange me réveilla. On aurait dit que quelqu’un faisait une fête à la cave. Je m’y rendis donc. Au moment où j’ouvris la porte, le bruit cessa. Je me retournai et je crus apercevoir un diable. Je m’installai devant la télévision. Je fus comme hypnotisé par une publicité qui parlait d’un nouveau magasin. Je me rendis immédiatement à ce magasin. J’avais l’impression que ce n’était pas moi qui agissais. J’arrivai et un homme au costume rayé m’accueillit. Il me tendit une feuille et je la lus. Le magasin proposait amour, richesse et pouvoir gratuitement. Je signai la feuille et repartis chez moi. Le lendemain, j’appris que Maéva était morte. Après le coup de fil d’Anthony, on frappa à la porte. C’était Maéva. J’appelai Anthony et lui dit que Maéva était avec moi. Il me dit que c’était impossible puisque Maéva se trouvait à côté de lui, morte, allongée sur le lit. Après avoir raccroché, je reçus un appel. La voix était rauque, grave et elle me dit : « Je t’ai donné l’amour, il ne reste que la richesse et le pouvoir ». Je raccrochai et regardai Maéva. Son visage était blême, pâle. Son corps était maigre. Le soir, je montai me coucher dans la chambre et Maéva resta sur le canapé. Le lendemain, aux informations, j’appris que « La Banque Principale » avait été cambriolée. A midi, en ouvrant le placard, une flopée de billets de banque me tomba dessus. Au milieu se trouvait une lettre : « Je t’ai donné amour, richesse. Il ne reste que le pouvoir ». Au dos de la lettre était inscrit « Banque Principale ». J’écarquillai les yeux puis courus me réfugier à la cave. Une ombre entourée de flammes s’y trouvait déjà. Je crus reconnaître un diable. Mais c’était impossible. Le diable me dit : « L’argent que j’ai volé pour toi te plaît ? » Je sortis en courant et appelai la police. Quand elle arriva, je la conduisis à la cave. Le diable avait disparu. Je n’y comprenais plus rien. La police m’arrêta puisqu’on avait trouvé l’argent chez moi. En prison, je reçus une lettre. Il était écrit : «  Maintenant, que tu n’as plus confiance en moi, je ne peux plus t’apporter le pouvoir ».

Quelques jours plus tard, quelqu’un paya ma caution et je fus libéré de prison. Bizarrement, j’étais sûr que c’était le diable. Je sortis de prison et me rendis à la maison de campagne d’Anthony. Quand j’arrivai, Anthony m’y attendait. Nous sommes entrés dans la maison et je vis Maéva. Anthony commença à hurler :
« Mais qu’est-ce qui t’a pris de cambrioler cette banque ?
-Mais ce n’était pas moi, protestai-je.
-Pourquoi m’as-tu dit que Maéva était vivante ? Elle est morte, on l’a enterrée hier. » dit-il en étouffant un sanglot. Maéva se tenait à côté de lui, je compris qu’il ne la voyait pas. Je montai dans la chambre d’amis et pris un gros volume sur la bibliothèque. Je finis par trouver ce que je cherchais. Je descendis et commençai à lire le paragraphe qui m’intéressait : « Dans la mythologie, les gens pensaient obtenir AMOUR, RICHESSE, SAVOIR et POUVOIR en signant un pacte avec le diable. Mais il fallait en échange de ce pacte, donner petit à petit sa vie pour renforcer le pouvoir du diable. »  Anthony me regarda et me demanda :
« Quand vas-tu m’expliquer ?
-Je ne peux rien te dire, tu ne me croirais pas. Même moi, j’ai du mal à y croire.
-Je te promets de faire un effort, je veux juste comprendre. »

Je lui résumai les derniers évènements et à la façon dont il me regardait, je crus qu’il me prenait pour un fou.
« Il faut que je retrouve cette agence, continuai-je, et je tuerai cet homme au costume rayé.
-Mais tu es fou, tu veux retourner en prison ? rugit mon frère.
-Je veux tuer celui qui m’a fait du mal et celui qui t ‘en a fait en tuant Maéva.
-Laisse faire la justice, je ne veux pas que tu passes ta vie en prison. »
Je sortis en courant, pris la voiture et partis à la recherche de cette agence.

Anthony me suivait. J’arrivai à l’agence, et entrai. L’homme au costume rayé était là. Sous mes yeux ébahis, il se métamorphosa. Il devint écarlate, des cornes firent leur apparition, le costume rayé disparut. A la place, il y avait une sorte de couche. Il me dit : « Sache que les diables sont immortels. Sache que cette pensée meurtrière que tu as eue sera la cause de tes cauchemars. Je te hanterai jour et nuit. » Il termina sa phrase dans un rire glacial. Des flammes jaillirent autour de lui. Je sortis en courant. Quand je vis Anthony, je compris qu’il ne voyait pas l’agence. J’avais l’impression qu’il me prenait pour un fou. Je repartis chez moi. Cette nuit là, je fis des cauchemars atroces. Au déjeuner, je faillis passer par-dessus le balcon. Plusieurs autres évènements se produisirent. Je faillis recevoir le poste de télévision sur la tête, un feu se déclara dans la corbeille à papier… A chaque fois, je sentais que le diable y était pour quelque chose. Un matin, je reçus un coup de téléphone d’Anthony. Il m’avait pris un rendez-vous avec un psychiatre  pour le 11 mai 1985.

Le rendez-vous chez le psychiatre se passa mal. Il me demanda de raconter ma vie, ce que je fis. Mais au moment où je racontai le passage avec le diable, je compris qu’il ne me croyait pas. Il trouvait une excuse à chaque événement.

Il me dit même que j’avais eu une perte de mémoire momentanée, ce qui expliquait, selon lui, le fait que je ne me souvenais pas d’avoir cambriolé la banque. Il me prenait pour un fou et il demanda à mon frère l’autorisation de m’interner. Il accepta. Je ne lui en veux pas. Moi-même, je pensai être en sécurité à l’hôpital. Le diable ne viendrait pas ici. On me conduisit à ma chambre.  Je poussai un cri en la voyant. Il y avait des barreaux aux fenêtres, les murs étaient très blancs, faisant contraste avec des stores noirs. Aucun téléphone, aucun moyen de communiquer avec l’extérieur. J’avais droit à une visite, de 15h à 17h, par jour. Le soir, je fermai les stores, me couchai. J’eus toutes les peines du monde à m’endormir. Cette nuit-là, je fis un cauchemar. J’étais dans un long couloir noir quand des flammes jaillirent autour de moi. La chaleur montait. J’aperçus une ombre dans un coin. Je m’approchai et je vis le diable. Il me fit un sourire démoniaque qui montait jusqu’aux oreilles. Puis il se mit à rire très fort. Je partis, en courant, en sens inverse. J’étais affolé, le couloir n’en finissait plus. Soudain, le diable revint devant moi et, à cet  instant, je me réveillai en sursaut. Je m’assis sur le lit et je réfléchis. Le diable pouvait-il me retrouver ici ? Le lendemain, une infirmière vint m’apporter mes médicaments. Elle était plutôt jolie. Elle était assez grande, ses longs cheveux blonds pendaient sur ses épaules. Je regardai ses yeux noisette quand je la reconnus. C’était Manuella. Elle me reconnut également. Nous discutâmes un moment. Je compris qu’elle ne me prenait pas pour un fou, contrairement aux autres. Je pris mes comprimés pour lui faire plaisir. Mais une fois, qu’elle fut repartie, je recrachai mes médicaments dans la poubelle. A midi, une autre infirmière vint m’apporter le déjeuner. Soudain, elle se métamorphosa en DIABLE ! Je bondis hors du lit. Il me dit qu’il allait cesser de me hanter lorsque j’aurais payé mes dettes. Je ne comprenais pas. Il m’expliqua : « Tu as signé un contrat avec moi. Certes, tu n’as pas beaucoup profité de ses avantages. Mais maintenant, tu dois me donner ta vie. Rassure-toi, tu seras prévenu 24 heures avant ta mort. » Il disparut dans un nuage de fumée. Je perdis goût à la vie. Je ne mangeais presque plus. J’avais peur que le diable revienne. Mon cauchemar revenait chaque nuit. Je me sentais responsable de la mort de Maéva. Heureusement, mon frère avait encore son fils. Ils venaient me voir souvent. Je voyais Marius grandir. Il ressemblait de plus en plus à sa mère. Finalement, je finis par m’habituer à ma nouvelle vie. Manuella venait me voir le matin, Anthony et Marius, l’après-midi. J’étais presque heureux. Mais le 22 juin 2001, je reçus une lettre, le matin. Je reconnus l’écriture. C’était celle du diable. Il m’annonçait ma mort. Je fis mes adieux à Manuella, Anthony et Marius. A leur départ, je me mis à pleurer. Je regardai le plafond. Je revis ma vie. Puis, je m’endormis avec un sourire. Je voulais garder uniquement les bons souvenirs et oublier mes erreurs. Je voulais mourir sans regrets.

  



Clinique psychiatrique St Gervais
23,avenue de la République
38300 Bourgoin-Jallieu

                                M. Dorincourt Marius
                        30,rue des Peupliers
                        38110 La Tour du Pin
                                               

                                                le 26 juin 2002

Objet : annonce du décès de votre oncle

                       

                        Cher Monsieur,

   J’ai le regret de vous annoncer le décès de votre oncle, M. Dorincourt Alex. Il est décédé, il y a trois jours dans la clinique psychiatrique dont je suis le directeur.

   Il y avait été interné le 11 mai 1985 pour cause d’hallucinations. Voici un exemple des raisons pour lesquelles je l’ai interné : comme vous le savez sûrement, il a cambriolé la « Banque Principale ». Il a prétendu avoir vu un diable dans sa cave et ce même diable lui aurait dit que c’était lui qui avait cambriolé la banque pour votre oncle.

   Lors de son premier rendez-vous avec son psychothérapeute, il a raconté avoir signé un pacte avec le diable.

   D’après son psychothérapeute, il était très calme, mais il faisait des cauchemars toutes les nuits. Un jour, il parut affolé et raconta que Lucifer, en personne, était venu le voir pour lui annoncer sa mort prochaine.

   D’après l’infirmière, depuis ce jour, et pendant un certain temps, votre oncle aurait arrêté de se nourrir. Il était devenu très pâle et maigre. Il était très anxieux, toujours sur la défensive et renfermé.

   L’infirmière l’a retrouvé mort, allongé sur le lit. Il était d’une blancheur rare et extrême. D’après elle, votre oncle serait mort de peur. Cette hypothèse est fausse. En effet, la femme de ménage a retrouvé les médicaments de votre oncle dans la poubelle.  Nous pensons que c’est le fait que votre oncle n’ait pas pris ses calmants  qui a entraîné son décès.

   Je joins à ma lettre un manuscrit de votre oncle. Il avait précisé à l’infirmière qu’il devait vous être donné, à vous, car, selon votre oncle, vous êtes la seule personne en qui il ait encore réellement confiance.

     

     Avec mes sincères et respectueuses condoléances.



                                                                        Monsieur Fabiomar

                                                                                     Directeur de la clinique St Gervais

  


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